Entretien avec Alberto Hausmann, responsable de la chaîne d’approvisionnement de Modula Spa
La logistique est un sujet vraiment vaste, aux mille facettes, qui s’est développé de plus en plus ces dernières années, intégrant en son sein des solutions automatisées qui changent le scénario avec lequel les entreprises doivent et devront interagir.
Des termes courants sont utilisés mais sont souvent considérés comme allant de soi, et parmi ceux-ci figure certainement le concept de chaîne d’approvisionnement, parfois confondu avec d’autres termes ou utilisé à leur place.
Dans cet article, nous sommes allés interviewer Pamela Catrambona, responsable de la planification de la production chez Modula Spa, non seulement pour parler de ce qu’est la chaîne d’approvisionnement mais surtout pour enquêter sur la façon dont elle est gérée chez Modula, une entreprise qui a fait de la logistique son essence.
1. Qu’est-ce que la chaîne d’approvisionnement et quelle est la différence entre la chaîne d’approvisionnement et la logistique ?
La logistique d’entreprise désigne la gestion des flux de marchandises (et des informations y relatives) au sein d’une entreprise. La gestion de la chaîne d’approvisionnement désigne la gestion des flux tout au long de la filière (fournisseur – fabricant – distributeur) ou au moins entre le fabricant et le distributeur. Ce sont des choses bien différentes, même si la seconde est une extension de la première.
Il faut dire aussi qu’aujourd’hui, il est de toute façon d’usage d’appeler par le terme de gestion de la chaîne d’approvisionnement ce qui serait en réalité de la logistique d’entreprise ou, tout au plus, de la logistique intégrée, tandis que le terme de logistique a retrouvé son ancienne signification d’« entrepôts et transport » et donc les entreprises de transport s’appellent désormais « logistique ».
Le concept même de « logistique » a évolué au fil du temps.
Au fil des ans, en effet, le mot « logistique » s’est éloigné du concept de « logistique de distribution », c’est-à-dire quelque chose de purement physique, pour se rapprocher du concept de « chaîne d’approvisionnement ».
Naturellement, il y a aussi plusieurs questions sur lesquelles les opérateurs concentrent leur attention.
Dans les années 80 l’accent était mis principalement sur optimiser les coûts de transport et occuper moins d’espace, ainsi que sur l’inévitable amélioration des flux physiques.
Dans les années 90 on a commencé à prendre conscience de l’importance des flux d’information. Ainsi, alors que les premiers systèmes d’information dédiés à la logistique et à l’entreposage ont fait leur timide apparition, l’intérêt s’est développé sur des sujets tels que l’organisation des processus, le rôle stratégique des choix logistiques, l’importance du service au client final.
Aujourd’hui, nous parlons de « logistique » comme de « chaîne », justement la « chaîne d’approvisionnement ».
Les sujets d’actualité sont les suivants :
- l’intégration en amont et en aval de la chaîne
- la segmentation des clients selon les critères de la logistique
- la flexibilité
- le tarif logistique différencié en fonction des services promis au client.
Autant des arguments très chauds sur lesquels Modula essaie de donner un retour positif pour s’améliorer.
2. Qu’est-ce que la gestion de la chaîne d’approvisionnement et quels sont les départements de l’entreprise concernés ?
La gestion de la chaîne d’approvisionnement est la gestion unifiée des canaux qui est obtenue en organisant un flux provenant des ventes et en centralisant la gestion des stocks. Par exemple, les magasins transmettent les informations sur les ventes au centre de distribution, ce dernier les transmet aux fabricants et se réapprovisionne par lots de quelques jours en fonction de ce qui a été vendu ou de ce qui devrait l’être.
La logique qui sous-tend la gestion de la chaîne d’approvisionnement est que le marché doit influencer la production et non l’inverse : vous achetez ou fabriquez ce que vous envisagez de vendre au lieu de devoir vendre ce que vous avez acheté ou fabriqué.
3. Quel avantage concurrentiel cela apporte-t-il ?
Le client est placé au centre, on se concentre sur le service.
4. Qui est le responsable de la chaîne d’approvisionnement et que fait-il ?
La réussite exige une grande détermination de la part des entreprises de la chaîne d’approvisionnement et un responsable de la chaîne d’approvisionnement au niveau de la direction, avec une vision unifiée de l’ensemble du processus.
Il est le chef d’un orchestre où :
- les achats sont les cuivres
- la logistique sont les bois
- les clients sont les instruments de percussion
- et la production sont les instruments à cordes frottées.
5. Quels sont les objectifs de la chaîne d’approvisionnement ?
Ma définition préférée est celle des « 8 R », qui se lit comme suit :
- Right material -> les bons matériaux
- Right quantity -> dans la bonne quantité
- Right quality -> de la bonne qualité
- Right place -> au bon endroit
- Right time -> au bon moment
- Right method -> avec la bonne méthode
- Right cost -> au bon coût
- Right impression -> avec une bonne impression
6. De quels équipements la chaîne d’approvisionnement a-t-elle besoin ?
Logiciel et matériel. Intelligence et électromécanique.
Selon la complexité de la chaîne, ils peuvent être utiles ou parfois indispensables :
- un logiciel pour la gestion de la demande
- un WMS pour la gestion de l’entrepôt
- un logiciel pour la gestion des transports
- un logiciel pour la passation de marchés.
Les investissements en équipements peuvent également être plus ou moins complexes :
- magasins automatiques
- systèmes de picking robotisés
- véhicules à guidage autonome pour le déplacement des palettes.
7. Quels sont les éléments qui caractérisent la chaîne d’approvisionnement et ses avantages potentiels ?
Comme mentionné précédemment, certains points sont considérés comme particulièrement intéressants, voire fondamentaux, pour une bonne chaîne d’approvisionnement de nos jours.
Les principaux éléments qui caractérisent la gestion de la chaîne d’approvisionnement sont l’intégration des processus et de tous les acteurs impliqués en plaçant le client au centre. Dans cette logique, tous les gaspillages et inefficacités sont limités.
8. Comment la chaîne d’approvisionnement est-elle organisée chez Modula ?
La pandémie nous a amenés à renouveler notre chaîne d’approvisionnement. Nous sommes passés d’une production « juste à temps » à une production « juste au cas où ».
Notre planification s’étale sur deux/trois semaines et, dans ce cadre, nous établissons à l’avance quelles machines et pour quels clients seront fabriquées dans ces créneaux.
Nous savons exactement que le jour X à l’heure X, le modèle Modula portant ce numéro de série sera fabriqué pour un client donné. Certes, notre produit est standard, mais il offre des milliers de configurations possibles en termes de hauteur, de largeur de plateau, de profondeur, de capacité et de nombre de plateaux.
Notre système de production est internalisé à 99 %, sauf pour les tableaux de distribution et les élévateurs. Pour nous permettre de procéder en permanence sans arrêt de production, nous avons développé et optimisé les contrats avec nos principaux fournisseurs qui assurent l’approvisionnement en matériaux contre la garantie d’une grande quantité de commande.
En plus de garantir les livraisons, les fournisseurs agissent également comme une plate-forme logistique, livrant le matériel nécessaire à la production, ce qui nous met aussi à l’abri de problèmes ponctuels tels que ceux que nous avons rencontrés ces dernières années, par exemple la pandémie de Covid.
Notre chaîne d’approvisionnement est basée sur quatre étapes successives : VENDRE – FABRIQUER – EXPÉDIER – INSTALLER.
Tout cela est possible grâce à des systèmes et programmes hautement numérisés qui nous permettent de superviser à distance chaque étape de la production, ce qui permet de minimiser les erreurs en temps réel et d’éviter l’élimination des parties non conformes du magasin.